Quelques centimètres de verre pour les gouverner tous : Mark Fisher et le néolibéralisme.

Lettre hebdomadaire un peu plus cool, dans laquelle je reviens sur le travail de Mark Fisher, philosophe et critique du néolibéralisme.

52 semaines.
3 min ⋅ 17/08/2025

Bonjour à vous !

J’espère que votre été se passe pour le mieux.

Cette semaine, j’ai rendu visite à un ami de licence !

Ce fut vachement bien ! Ce fut vachement bien !

Auditeur régulier de L’étincelle, nous avions échangé autour des questions soulevées par la dernière vidéo sur l’impact du néolibéralisme sur notre santé mentale.

Depuis quelques semaines, c’est un sujet qui m’intéresse particulièrement.

Comment expliquer qu’un système aussi inique, basé sur l’exploitation, parvient-il à tenir et à se maintenir ?

Cette question, qui introduit Pulsion, dernier ouvrage coécrit par Frédéric Lordon et Sandra Lucbert, est aussi au centre des réflexions de l’universitaire Mark Fisher, dont mon ami m’a prêté le recueil de séminaires Désirs postcapitalistes, que je vous invite d’ores et déjà à découvrir.

Si vous ne connaissez pas Mark Fisher, c’est un écrivain, philosophe politique et professeur britannique. Enseignant dans le département des cultures visuelles à l’University of London, il anima entre 2003 et 2015 un blog nommé K-Punk, particulièrement influent du fait de ses analyses sur la musique, le cinéma et la philosophie.

Critique majeur du néolibéralisme et du tournant entrepris par Margaret Thatcher au Royaume-Uni, Fisher s’est interrogé tout au long de sa vie sur la perte de perspective radicale en opposition au capitalisme et sur les logiques qui sous-tendent notre système économique actuel.

Dans Désirs postcapitalistes, que je viens de commencer, Mark Fisher aborde la manière dont le capitalisme s’est maintenu, au travers d’un imaginaire, de désirs et d’affects puissants. Selon lui, le capitalisme a réussi à s’ancrer et à se maintenir grâce à l’idée selon laquelle il ne pouvait être dépassé et que toute alternative était impensable. Le fameux TINA… de Margaret Thatcher.

Un imaginaire qui s’est également consolidé par l’accélérationnisme technologique, dont le capitalisme est le vecteur et le principal bénéficiaire. L’émergence d’Internet et des nouvelles technologies de l’information et de la communication, loin de produire de l’émancipation, a engendré l’accaparement des données, l’aliénation et la stagnation, voire un retour en arrière, avec le développement d’un capitalisme de rente et la capture de notre attention, afin de générer du profit pour une minorité d’entreprises technologiques.

Selon lui, plutôt que d’ouvrir un futur nouveau, nos technologies recyclent sans cesse le passé et nous maintiennent dans un horizon indépassable.

Pour le moment, c’est vraiment passionnant et j’ai hâte d’en apprendre plus sur ce courant qu’est l’accélérationnisme technologique, qui présente des clivages importants : entre un courant d’ultra-droite et un courant de gauche qui croit que la technologie peut être un levier d’émancipation.

Ces prochains jours, je vais donc continuer de lire et d’étudier Fisher et ses pairs !

En attendant, je vous repartage un épisode que j’avais fait il y a quelques semaines avec Thibault Prévost, sur les prophètes de l’intelligence artificielle : des idéologues de la Silicon Valley qui alimentent des peurs autour de l’IA, afin d’obtenir une régulation à leur avantage, de s’accaparer toujours plus de données et de poursuivre l’expansion d’un capitalisme de rente.

C’est un épisode passionnant, et plus que jamais d’actualité, surtout lorsque nous voyons, jour après jour, l’influence d’études orientées par ces mêmes prophètes de l’IA, qui la présentent comme l’une des plus grandes menaces de l’histoire de l’humanité…

Pourtant, je pense que l’IA aura bon dos si, demain, les nappes phréatiques indispensables à son bon fonctionnement venaient à s’assécher complètement !

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À la semaine prochaine !

Samuel

52 semaines.

Par Samuel Fergombé

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