Une traversée entre l’humanité des pêcheurs et la froideur des algorithmes.
Il y a quelques mois, j’ai ouvert cette lettre d’information, sans jamais commencer à y publier de billets.
C’est désormais chose faite.
Dans cette lettre d’information, je reviendrai sur mon actualité en tant que journaliste, mais aussi sur des sujets de société qui m’intéressent. Vous y retrouverez notamment des retours de lecture, des reportages, des présentations de travaux, ou encore des récits de voyage.
Pour inaugurer cette première lettre d’information, j’ai choisi d’évoquer un voyage qui m’a particulièrement marqué : mon voyage en Afrique de l’Ouest.
Ricketts, Sierra Leone.
En mars dernier, je me suis rendu au Sénégal pour entamer un long périple le long de la côte atlantique de l’Afrique de l’Ouest, à la rencontre des pêcheurs qui la font vivre.
De Kayar, petite ville côtière du Sénégal, jusqu’aux Banana Islands en Sierra Leone, j’ai eu la chance de découvrir les multiples facettes des métiers de la pêche : du pêcheur qui part en pirogue tôt le matin et revient tard le soir, à la femme qui nettoie et vend le poisson sur les marchés.
Loin des chalutiers que l’on peut voir en Europe, la pêche y est traditionnelle. D’ailleurs, les pêcheurs portent différents noms selon les régions : au Sénégal, par exemple, on les appelle les « Lébous ».
Si la pratique de la pêche était à l’origine destinée à nourrir le noyau familial, des marchés se sont progressivement ouverts, tant pour le commerce local que pour l’international. C’est le cas du marché de Youpwé, au Cameroun, qui est le plus grand marché d’Afrique de l’Ouest.
Avant cette dernière étape, la pêche suit une véritable logistique, qui débute par la fabrication et l’aménagement d’une pirogue dans un chantier naval. Véritable projet de vie pour un pêcheur, chaque pirogue possède une âme, une identité propre. Coûtant parfois de quelques centaines à plusieurs milliers d’euros, ces embarcations accueillent généralement un équipage d’une dizaine de personnes.
Sur le chantier naval de Kayar.
Durant tout mon voyage, je les ai empruntées pour me rendre d’une côte à l’autre en Sierra Leone. Je les ai également observées en pleine mer, avalant les flots au petit matin à Bijilo, en Gambie.
À leur retour de pêche, chacune d’elles est attendue par un ou deux boxeurs, venus ramasser les poissons afin qu’ils soient nettoyés et triés. D’autres se chargent ensuite de ramener la pirogue sur la plage de débarquement.
Bien que, pour beaucoup, la pêche ne soit pas un choix mais une nécessité, elle incarne pour d’autres une véritable mission de vie — transmise dès l’enfance, et souvent essentielle pour subvenir aux besoins de leur famille et de leurs proches. Ce fut le cas de Mariama Touré, une jeune femme de 25 ans que nous avons rencontrée en Gambie.
Sur le marché de Bijilo, en Gambie : Mariama Touré.
À travers son histoire, comme à travers celles de nombreux autres pêcheurs rencontrés sur place, se dessine un portrait riche et complexe de cette activité. Dans les semaines à venir, je vous partagerai le reportage que nous avons pu réaliser, qui donne à entendre ces différents vécus.
En attendant, je vous invite à écouter :
Sur L’étincelle média, nous avons récemment reçu le journaliste Hubert Guillaud pour son livre Les algorithmes contre la société. Paru récemment aux éditions La Fabrique, cet ouvrage me semble être un indispensable pour comprendre l’impact des algorithmes dans nos vies, ainsi que la logique austéritaire derrière leur déploiement. De la Caisse d’allocations familiales (Caf) à France Travail, en passant par Parcoursup, Hubert Guillaud nous montre combien les algorithmes renforcent les discriminations et la précarité.
Loin d’être neutres, les algorithmes s’imposent dans nos vies sous l’influence d’intérêts marchands. Conçus par des entreprises privées, ils renforcent des dynamiques antidémocratiques.
Loin d’être neutres, les algorithmes façonnent nos vies sous l’influence d’intérêts commerciaux. Conçus par des entreprises privées, ils participent à des logiques qui affaiblissent la démocratie. Ces dynamiques se prolongent avec le développement de l’intelligence artificielle, dont l’impact écologique et social est considérable.
Déjà au cœur de nos vies, elle contribue notamment à renforcer les mécanismes de tri et d’exclusion, que ce soit dans l’accès aux prestations sociales ou dans le parcours des étudiantes et étudiants.
Une série d’exemples dont nous discutons avec Hubert Guillaud.
Pour découvrir l’entretien avec Hubert Guillaud 👇
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Merci beaucoup pour votre lecture, et à la semaine prochaine ! Portez-vous bien ! ✨